- moucharaby
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⇒MOUCHARABY, MOUCHARABIEH, subst. masc.A. — Grillage en bois placé devant une fenêtre dans les pays orientaux et permettant de voir sans être vu. Les moucharabys (...): ce sont des grilles de bois, curieusement travaillées et découpées qui s'avancent sur la rue et font office de fenêtres (NERVAL, Voy. Orient, t.1, 1851, p.123). Cette salle est séparée d'une autre par une cloison ajourée en terre battue qui rappelle un peu les moucharabis arabes, ce sont des dessins géométriques (BARRÈS, Cahiers, t.6, 1908, p.197):• 1. ... devant les portes, de grands rideaux de chanvre, épais comme des carpettes, tombent jusqu'au ras du trottoir; on y voit même, sous la corniche de façades nues, sans porte ni fenêtres, des espèces de moucharabies à persiennes de bois, qui permettent de surveiller la rue sans être vu.T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.54.B. — Balcon ou saillie de mur placée autrefois au-dessus d'une porte et percée de machicoulis à sa partie inférieure (d'apr. CHABAT t.2 1876). Le rideau, remontant encore une fois, laissait voir (...) une colline lilas, où des maçonneries blanches de construction bizarre, moitié château, moitié mosquée, montaient en minarets, en terrasses, se découpaient en ogives, créneaux et moucharabies (A. DAUDET, N. Roumestan, 1881, p.260). Une quantité extravagante de loggias, de moucharabiehs — toujours en ce grès des carrières voisines — se superposent et débordent sur la rue (LOTI, Inde sans Angl., 1903, p.330):• 2. Les portes et les fenêtres, placées à une hauteur où l'escalade était possible furent défendues de bonne heure par des balcons munis d'un parapet élevé et à jour dans la partie inférieure (...). Nous avons donné le nom arabe de moucharaby à ces balcons, qui paraissent empruntés à l'Orient.MÉRIMÉE, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p.244.Prononc. et Orth.:[
], [-bje]. ROB., Lar. Lang. fr.: -by ou -bieh; ROB. Suppl. 1970: ,,on rencontre aussi l'orthographe Moucharabié``. Supra DAUDET, T'SERSTEVENS: -bies (plur.); supra BARRÈS: -bis (plur). Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p.280: -bié. Plur. des -bys, -biehs; -biés (ROB. Suppl. 1970, ex. de Carco). Étymol. et Hist. 1. 1840 musharabyeh «fenêtre saillante au dehors, fermée par un grillage en bois» (A. B. CLOT-BEY, Aperçu général sur l'Égypte, t.1, p.184); 1846 moucharaby (G. DE NERVAL, Les femmes du Caire ds R. des Deux Mondes, 1er mai, p.406); 1847 moucharabié (J. J. AMPÈRE, Voyage et recherches en Égypte et en Nubie ds R. des Deux Mondes, 1er mars, p.892); 1854 moucharabieh (DU CAMP, Nil, p.21); 2. 1843 p. anal. de forme moucharabi archit. milit. (P. MÉRIMÉE et A. LENOIR, Archit. milit. du Moyen-Âge, p.34 ds SAIN. Sources t.2, p.422: nous avons donné le nom de moucharabi à ces balcons munis d'un parapet qui paraissent empruntés à l'Orient). Empr. à l'ar.
«fenêtre grillée en bois, saillante au dehors» (DOZY t.1, p.741b: on l'appelle ainsi parce qu'on y place les cruches poreuses [masraba] qui servent à rafraîchir l'eau par évaporation). V. aussi LAMMENS, p.285; FEW t.19, p.123 et NED, s.v. moucharaby.
ÉTYM. 1846, Nerval, moucharaby; moucharabieh, 1903; arabe mǎšrǎbǐyyǎh « fenêtre en saillie et grillée ».➪ tableau Mots français d'origine arabe.❖♦ Dans l'architecture arabe, Balcon qui forme avant-corps devant une fenêtre et qui est fermé par un grillage (→ Loggia, cit. 1). || Le moucharaby permet de voir sans être vu. ⇒ Jalousie.1 Cependant, les moucharabys s'éclairent; ce sont des grilles de bois, curieusement travaillées et découpées, qui s'avancent sur la rue et font office de fenêtres (…)Nerval, Voyage en Orient, « Femmes du Caire », I, I.2 (…) ces moucharabiehs de Tunis, du Caire ou de Constantinople, qui, si secrets qu'ils soient, rassurent, égaient la rue de toutes les curiosités féminines que l'on sent s'agiter derrière leurs croisillons de bois.Jérôme et Jean Tharaud, Rabat, III.REM. On rencontre aussi l'orthographe moucharabié.3 Or sur les rives du Bosphore, on compte actuellement un immeuble en ciment armé pour cinq vieilles maisons turques munies ou non de leurs moucharabiés.Francis Carco, Nostalgie de Paris, p. 55.
Encyclopédie Universelle. 2012.